Ca’ Pesaro
Ca’ Pesaro un musée oublié
Ca’ Pesaro c’est aussi la Galerie Internationale d’art moderne de Venise, un musée qui fut envahi par l’eau de la grande marée du 12 novembre 2019 . Depuis cette nuit terrible il fut fermé pendant très longtemps à cause des dégâts au système électrique et non seulement. En plus, à cause du Covid et donc au manque de touristes, c’est l’un des musées sacrifiés à une ouverture avec un horaire encore réduit, même s’il représente une des plus belles galeries d’art moderne de Venise. Ce petit texte est dédié à ce musée qui a énormément souffert et veut être un remerciement à tous ceux qui ont travaillé au froid pendant l’hiver 2019 pour le faire revivre. L’architecte de Ca’ Pesaro, un grandiose palais de la seconde moitié du XVIIe siècle sur le Grand Canal, est Baldassare Longhena, le même qui a conçu la Basilique de Santa Maria della Salute. Créateur de revêtements somptueux pour ses édifices, il a créé ici, pour la famille Pesaro, un jeu de clair-obscur sculpté dans la pierre, un superbe bossage en pointe de diamant, une façade exubérante et pittoresque.
Duc La Masa
Au XIXème siècle, un véronais, le duc La Masa acheta le palais. Sa veuve, la duchesse Felicita Bevilacqua La Masa, y créa une fondation, dont le but était d’exposer des œuvres d’artistes vénitiens qui n’avaient pas eu les moyens de se faire connaître. Elle en fit cadeau à la ville en 1889 et la galerie fut inaugurée en 1902. Dans les années 1910-1920 on y organisa des expositions mettant en lumière de jeunes artistes, parmi lesquels Boccioni, Casorati, Gino Rossi et Arturo Martini. Dans le temps la collection s’enrichit avec des peintures et des sculptures d’artistes italiens et vénitiens du XIXème siècle, des œuvres achetées à la Biennale, les donations Adolfo Wildt et De Lisi et des œuvres d’artistes italiens et étrangers du mouvement “Ca’ Pesaro” de la seconde moitié du XXème siècle. Et c’est ainsi que le Musée d’art moderne de Venise est né.
Parmi les œuvres les plus connues
Le Penseur (1880) d’Auguste Rodin, une statue en plâtre noir, nous révèle les études passionnées que l’artiste français avait fait sur Michel-Ange et en particulier sur une célèbre figure de damné du Jugement Universel de la Chapelle Sixtine à Rome. La Judith II de Gustav Klimt est une femme fatale. Ses yeux sans pupilles révèlent sa nature démoniaque, tandis que ses longs doigts mettent en valeur son caractère prédateur. Les chaudes décorations dans sa coiffure et dans sa robe noire sont formées de motifs décoratifs abstraits qui semblent annuler son beau corps de femme. Le Rabbin de Vittebsk de Marc Chagall est un juif en prière, représenté en mêlant des expériences figuratives cubistes françaises avec le suprématisme russe. Et encore le Zig Zag blancs de Wassily Kandinsky, Avec le serpent de Paul Klee…
Le musée d’art moderne de Venise
A mon avis, parmi les œuvres de Ca’ Pesaro l’élément le plus beau est la représentation de la femme, toute sorte de femme, jeune et âgée, riche et pauvre, peinte et sculptée, habillée et nue. Dans tous les regards et les gestes de ces femmes, il y a une lumière intérieure, le désir de rejoindre leur propre vérité. Il s’agit d’une vraie recherche qui passe parfois à travers l’ennui et quelques regards semblent être d’un autre monde. Certaines femmes font ressentir la douleur de la solitude, de la perte et de la mort, mais sans larmes, juste la conscience d’une fin inéluctable et incompréhensible. Et partout domine la lumière, sur les visages, les animaux, les choses, une lumière qui dépasse l’étude du simple phénomène atmosphérique. On dirait parfois une lumière mentale qui aide à révéler l’ombre sociale, inconsciente, douloureuse, personnelle, mystérieuse, symbolique. Une dualité continue entre ce qui est représenté et ce qui est caché. Comme si la lumière était là pour nous montrer ce qui est dans l’ombre et qui nous surprend chaque fois.
Conclusion
La collection d’art moderne de Ca’ Pesaro, musée très peu fréquenté, est magnifique. Je vous invite à la découvrir avec moi, parce qu’elle vaut le détour. Et nous ferons vivre un musée qui mérite d’exister. Pour en savoir plus. Contacts anna@veniseguide.com +39 3473500