la Pliniana
Prélude
La Pliniana, une villa sur le Lac de Côme. En 1842 – alors que sa femme, la princesse Cristina Trivulzio, était à Locate en basse Lombardie, pour apporter une aide morale à ses paysans – le beau Emilio réapparaît dans les salons de Paris, faisant la joie des nombreuses orphelines de sa voix … mais pas seulement. Il est immédiatement clair que ses attentions sont toutes dirigées vers la jeune femme blonde, mariée au comte de Plaisance en colère. Le coup de grâce intervient en juin, lorsque la princesse Cristina Trivulzio revient à Paris, mais avec une maison à Port-Marly, au 10 rue de Paris. Marre des nerfs, ébranlée par la jalousie pour l’amour exhibé publiquement par son mari, la princesse ne manque jamais une occasion de déranger le ménage des amants. La liaison entre les deux va de bouche en bouche et trouver un lieu secret pour se rencontrer devient de plus en plus difficile.
La Pliniana une villa sur le Lac de Côme
Telles sont les situations qui donnent lieu à la proposition (in) décente: pourquoi ne pas s’échapper et trouver refuge dans les murs de la Villa Pliniana de Torno au Lac de Côme, à peine restaurée? Ces murs ont accueilli des poètes, des musiciens (à la Pliniana en trois jours, Rossini avait composé le Tancredi), des scientifiques, des rois et des empereurs. De plus, à Milan, il a de nombreux amis qui ont hâte de le rencontrer … Ce qui se passe se dit aussitôt: le 27 avril 1843, au terme d’une soirée festive entre amis, le prince Emilio de Belgiojoso et la comtesse Anne de Plaisance, fille de Berthier, prince de Wagram, se rendent en calèche dans la banlieue de Paris, où des amis de confiance trouvent deux chevaux sellés. Leur évasion commence. Le lendemain, ayant découvert l’absence de sa femme, le comte de Plaisance envoie demander aux Wagram si par hasard sa femme se trouve à Grosbois, invité de son frère. Ayant reçu une réponse négative (et la vérité chuchotée est parvenue à ses oreilles), lui et la mère d’Anne essaient de toutes les manières de faire arrêter les fugitifs, sachant qu’ils devront traverser les frontières de l’État. Mais les deux parviennent à se glisser entre les policiers et à arriver sur le sol italien, où, enfin libres, ils peuvent bientôt se reposer de la fatigue de la longue course entre les murs de la Pliniana.
Un prince et une princesse
Fou de joie de ce qui s’est passé est Alfred de Musset, le dernier des prétendants mal rejeté par Cristina, qui le 22 mai 1843 annonce la fuitina dans une lettre: «Je ne sais pas si vous savez, vous autres, à Catane, que le Principe *** a enlevé la comtesse de ***. Il y avait deux ans qu’ils étaient ensemble au su de tout Paris. La comtesse s’est disputée, à ce qu’il paraît, avec son mari; elle est arrivée chez le prince (qui devait chanter le soir dans un concert) ornée de son mouchoir pour tout bagage, et elle lui a dit: « Allons-nous-en! » Ils sont en route. Le 14 mai 1843, le périodique La Caricature informe les Parisiens de cette incroyable histoire, racontant en première page et en première colonne – sous le titre “Un prince et une princesse – le kidnapping de la noble française par un étranger noble”. Les jours suivants, tous les autres périodiques parisiens accordent une grande importance à ce «deuil» qui a frappé les grandes familles de Plaisance et de Wagram.
Et les amoureux?
Loin des ragots des journaux et de l’hypocrisie des salons, ils jouissent de leurs corps. Pendant leur temps libre, ils pratiquent la natation et l’équitation, tandis que la soirée est consacrée à la fête entre amis – et parmi ceux-ci se trouvent les nobles propriétaires des autres villas du lac. A ces occasions, Anne s’assoit au piano et accompagne Emilio dans le chant. Dans les mois d’été, un must pour Emilio et Anne est l’habitude de s’envelopper nus dans un drap et de se jeter ensemble de la loggia dans les eaux du Lario la nuit, geste qui a donné naissance à la légende du « fantôme du lac » qui apparaît ponctuellement à minuit.
Le temps passe
Loin de Torno – à Paris, à Berlin – des émeutes de rébellion éclatent. De son côté, Milan contribue au moment historique en donnant vie aux «cinq journées», Radetzky étant chassé de la Lombardie. Les exposants de l’association insurrectionnelle Giovine Italia, conscients de l’ancienne ardeur patriotique d’Emilio et de sa femme Cristina, arrivent avec l’espoir de l’enthousiasmer, pour ensuite repartir en colère contre la trahison du prince: Emilio, isolé de ce monde qui était autrefois le sien, vit les événements extérieurs avec un détachement apathique. Désormais, il grisonne précocement, ne veut plus que vivre paresseusement en compagnie d’Anne. Aux yeux des invités, la situation est claire: l’amant fougueux du passé est devenu un mari indolent. Et vous, Anne, êtes-vous toujours satisfaite de ce style de vie? On se demande …
Conclusion
La Pliniana, en raison de sa position peu embrassée par le soleil, est froide et humide la plupart de l’année. Au contraire, sur la rive opposée du Lario, à Carate il y a une villa appelée Il Ripiego: sa position est agréable et le soleil est chez lui. Dans le plus grand secret, en 1852, Anne prend la décision: d’abord elle signe un bail puis, par un chaud après-midi de juin, alors que son ami se repose et dort, elle charge quelques sacs sur un bateau et se fait transporter sur la rive d’en face pour s’installer entre les parois chaudes du Ripiego. Alors, comme on le ferait aujourd’hui avec un SMS, elle met fin à jamais à son histoire d’amour avec Emilio, sans un mot. Pour d’autes histoires sur le Lac de Côme, je vous attends
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