La découverte

C’est l’histoire de la Vénus de Frasassi. En 2008, dans une grotte de la Gorge de Frasassi dans les Marches, à quelques centaines de mètres du complexe karstique Grottes de Frasassi, un spéléologue passionné d’archéologie découvre une statuette façonnée sur un fragment de stalactite. Dans la grotte de la Sainte Vierge, il voit une petite statue de 9 centimètres de haut avec des formes féminines, sculptée dans un fragment de stalactite vieux de vingt mille ans. Tout comme Vénus était née des eaux, la petite statue se trouvait dans un endroit riche en eau. Depuis, ce petit bout de neuf centimètres est devenu la Vénus de Frasassi. Elle est le plus ancien témoignage de la présence humaine dans la région des Marches et l’un des plus anciens d’Italie.

Il faut savoir

Au début de la civilisation, il y avait des matriarcats. En effet, les femmes ont joué un rôle de premier ordre pour garantir avec altruisme le bien-être de tout le monde, dans le respect des cycles de la terre. Cette sculpture s’inscrit dans la tradition stylistique des Venus du Gravettien, c’est-à-dire des figurines féminines remontant à cette phase du Paléolithique supérieur, un peu moins de 30.000 ans avant notre ère. Ces Vénus paléolithiques sont souvent de dimensions modestes, de 4 à 25 centimètres. Néanmoins, elles ont certaines parties du corps, comme l’abdomen, les fesses, les seins, le pubis exagérément développées, alors que les bras, les jambes, le visage sont parfois seulement esquissés ou absents. Les attributs féminins très prononcés ont souvent été considérés comme une exaltation de la femme en tant que mystérieuse source de vie, un symbole de fertilité et d’abondance.

Vénus de Frasassi

Haute de 8,7 centimètres, la Vénus de Frasassi pèse un peu plus de 60 grammes. Les détails physionomiques du visage sont absents mais on remarque la présence d’une coiffure ou bien d’une capuche. Les seins et le ventre sont proéminents, le triangle pubien est bien marqué. La statuette est très insolite si l’on considère l’iconographie, notamment en ce qui concerne la position des bras qui semblent presque appuyés sur le ventre. Par ailleurs, le ventre est proéminent. Il pourrait de ce fait indiquer un état de grossesse. Cette statue pouvait être une idole ou une amulette utilisée lors des cérémonies et des rituels. Ou bien, la Vénus de Frasassi était une statue votive offerte pour favoriser ou protéger la fertilité, la grossesse, l’accouchement. Une Vénus offrant, donc, mais aussi une pièce d’art mobilier qui a déclenché d’autres interprétations très suggestives. 

Les hypothèses

Une hypothèse est liée aux grottes dites galactophores, à savoir « porteuses de lait nourricier », considérées comme magiques et thérapeutiques puisqu’on croyait que si l’eau d’égouttement était bue par des mères pendant l’allaitement, elle avait le pouvoir magique de favoriser la sécrétion du lait. Ce qui expliquerait l’emploi d’un fragment de stalactite comme matière première pour réaliser cette Vénus ainsi que la position des bras allongés en avant comme s’ils devaient recueillir quelque chose de précieux: de l’eau. Il s’agit en effet d’un aspect lié à l’égouttement des grottes, qui s’insère dans le phénomène de la vénération des sources en raison de l’analogie entre l’eau blanchâtre de l’égouttement et le lait.

Mais encore

Les fouilles et les études ont montré que les grottes de la Gorge de Frasassi n’ont pas seulement été utilisées comme refuges ou comme habitation mais aussi comme un lieu de culte de la période allant du Paléolithique à l’Age du Bronze. Le site de la découverte est une grotte qui avait une valeur rituelle, un lieu sacré qui était fréquenté pour des pratiques religieuses. Il documente la continuité entre les cultes préhistoriques et la vénération chrétienne étant donné que la cavité abrite deux édifices religieux d’époques différentes. L’un est l’ermitage féminin de Santa Maria Infra Saxa, remontant au Moyen Âge. L’autre est le sanctuaire Madonna di Frasassi édifié au XIXe siècle par la volonté du Pape Léon XII. L’original de la Vénus de Frasassi se trouve au Musée National Archéologique des Marches à Ancona. Le Musée de Genga « Arte Storia Territorio » en conserve une copie en terre cuite réalisée par Gabriele Mazzara en 2016.. Découvrons les Marches ensemble. 

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