A propos

Le culte de Tacita Muta, la déesse du silence. Ce culte avait fortement été voulu par le deuxième roi de Rome, Numa Pompilius. Avait il peur de la parole des femmes? Tacita Muta était aussi appelée Lara ou Larunda. C’était une nymphe, précisément une naïade. Elle était la fille de la rivière Almone et la sœur de Giuturna. Le mythe raconte que Tacita Muta aurait dit à sa sœur de la passion débordante que Jupiter avait pour elle. Fou de rage, Jupiter lui arracha la langue et ordonna à Mercure de l’accompagner dans le royaume des morts. Lors du trajet vers le monde des morts Mercure abusa d’elle. Tacita Muta mit au monde deux jumeaux, les Lares, les divinités qui veillaient sur les frontières et protégeaient la ville. Chaque année, on la fêtait autour du 18 février la fête du silence. Tacita Muta est souvent représentée avec un doigt sur la bouche. Triste image, Tacita Muta ne peut pas parler, pas raconter, elle doit se taire et subir.

Mais

Les femmes romaines du moins du temps de la République ne pouvaient pas parler sur les places publiques, elles ne pouvaient pas tenir des discours. C’était une obligation liée à la tradition, aux coutumes des pères (mos maiorum), même si aucune loi spécifique n’avait été votée dans ce sens. Toutefois, au premier siècle avant JC on voit arriver Ortensia, la femme qui fut avocate pour un jour. Ortensia était la fille du célèbre orateur Quinto Ortensio Ortalo, consul en 69 avant JC, rival de Cicéron et de Lutatia, sa première épouse. Elle dut naître autour des années 80 avant JC. C’était une fille bien-aimée et estimée qui avait reçu une très bonne éducation et qui comme son père se consacra à l’oratoire. Elle avait certainement épousé Quinto Servilio Cepione avec qui elle a eu une fille, Servilia.

Nous sommes

En 42 AC, peu de temps après la mort de Jules César. Au pouvoir on avait Lépide, Octave et Marc Antoine (triumvirat). Ils mirent en œuvre une politique de proscriptions et de massacres, justifiée par la volonté de venger Jules César. Mais le vrai but était d’accumuler l’argent pour faire face à l’inévitable guerre civile contre Brutus et Cassius, les Césaricides. Dans cette course au pognon, ils s’en prirent à 1.400 matrones romaines, sans père, ni mari ou fils pour les protéger. Ils pensaient les taxer sous prétexte de participation aux dépenses militaires. Ils impliquèrent aussi les esclaves et les affranchis qui recevaient une récompense si ils dénonçaient les maîtresses qui tentaient de cacher des biens. Les matrones demandèrent de l’aide aux femmes des triumvirs,  mais la pratique échoua. Alors, elles rendirent cette affaire privée publique.

Continuons

Aucun avocat homme n’avait accepté de défendre ces femmes. Les matrones s’adressèrent à Ortensia qui fit ce discours au Forum: « Pourquoi donc les femmes doivent payer des impôts, étant donné qu’elles sont exclues de la res publica? Sans oublier que cet argent sert à financer une guerre civile et non à défendre la patrie. Vous, les hommes, vous nous avez toujours privés de pouvoir et maintenant vous voulez nous taxer alors que nous ne commandons rien? Vous ne pouvez pas nous réduire à l’état indigne et indécent de ceux qui n’ont plus de terres, de dot, de maisons. Nos biens sont des biens sans lesquels les femmes libres ne pourraient pas vivre. Nous pourrions vous donner spontanément des bijoux, comme nos mères le faisaient autrefois (pendant les guerres puniques). Si cela servait à défendre la patrie des ennemis, mais l’argent dont vous voulez nous priver ne sert qu’à vous faire faire la guerre les uns contre les autres ».

Pour conclure

Les triumvirs, qui se sentirent personnellement visés et de surcroît par une femme alors qu’aucun homme n’osait publiquement s’opposer à eux firent chasser toutes les matrones du Forum. Mais la foule prit la défense des femmes et Octave, Lépide et Marc Antoine se contentèrent de taxer 400 des matrones romaines, les plus riches. Evidemment, les romains. hommes, firent passer une loi qui interdisait aux femmes de se livrer à des activités masculines, notamment en tant qu’avocate. Il faudra attendre plus de dix-huit siècles pour qu’une femme puisse exercer la profession d’avocat en Italie, et non sans conflits … Pour plus d’histoire sur la Rome antique je vous invite à découvrir la ville éternelle à travers mes visites.